La mélancolie du kangourou et Le sourire des fées ! [Laure Manel]

Auteur : Laure Manel

Date de sortie : 2019 ; 2021

Edition : Le Livre de Poche

Nombre de pages : 369 pages ; 370 pages

Genre : Contemporain

La mélancolie du kangourou

La naissance de Lou aurait pu être pour Antoine le plus beau moment de son existence. Mais la mort de Raphaëlle, son épouse qu’il aimait au-delà de tout, l’a brisé, et il a du mal à créer un lien avec son bébé. Jusqu’à ce qu’il embauche Rose, une pétillante jeune femme à l’irrépressible joie de vivre, pour s’occuper du nourrisson. Parviendra-t-elle à aider Antoine à se révéler comme père et à se reconstruire ?

Le sourire des fées

« Rose l’a dit à Lou : il faut croire encore au bonheur. Elle a toujours eu le don pour apporter de la joie à partir de presque rien. Un joli paysage, une belle lumière, le parfum d’une pivoine, le goût du chocolat noir attrapé avec la langue sur le fouet à pâtisserie, un bon repas, un fou rire qui tire les larmes, respirer à pleins poumons, danser, jouer… Ce sont ces petites doses de bonheur à pratiquer au quotidien. C’est à cela qu’il faut s’accrocher. » Rose et Antoine s’installent au Grand-Bornand avec Lou auprès d’Hermance, l’arrière-grand-mère de la petite. Antoine devient guide de haute montagne, Rose reprend le patinage et Lou grandit, heureuse et épanouie… Mais la vie leur réserve une épreuve qu’ils devront apprendre à surmonter ensemble. Jamais il n’y a eu plus d’urgence à s’aimer.

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✶✶✶,5/5

Une histoire s’est achevée beaucoup trop tôt, une autre commence à peine.. Cette duologie c’est l’histoire d’un père éprouvé par la perte de sa femme et qui se retrouve incapable de subvenir aux besoins de sa fille. C’est l’histoire d’une rencontre, d’une belle histoire d’amour. C’est l’histoire d’Antoine, Lou et Rose.. Un drôle de trio !

« Tu vois, je me sens libre. Je n’ai plus peur d’être et de vivre. Je vais vivre pour nous deux. Deux fois plus, et surtout deux fois mieux. »

Antoine Dussac est directeur des achats dans une entreprise de cosmétique. Mais il fini par démissionner et par devenir moniteur de ski et guide accompagnateur en montagne. Sa femme Raphaëlle meurt en donnant naissance à leur fille Lou. Ce qui veut dire que l’anniversaire de cette dernière tombera toujours le jour de la mort de sa mère.. Rapha était l’amour de sa vie, enfin il le croyait, et Antoine se sent perdu sans elle. Il se renferme dans sa coquille, il se sent vide, las, apathique, et surtout incapable de s’occuper de sa fille. Mais passé le cap des 3 ans, il remet de l’ordre dans sa vie et il revoit ses priorités. Malheureusement, il se découvre atteint de la maladie de Charcot. L’incroyable solidarité de ses proches l’aide à profiter pleinement de ses derniers instants. Sa mère Simone, sa grand-mère Hermance qui est un véritable roc pour lui, ainsi que ses amis Cédric et Mélanie, ils sont tous là pour lui à travers les années. Il a une relation plus compliqué avec son père Jacques, son frère Antoine et ses anciens beaux parents Pierre et Marie. Quant à Lou, on la suit de sa naissance à ses 18 ans. Sa vraie maman Raphaëlle lui manque même si elle ne l’a jamais connu mais elle considère également Rose comme sa maman et l’inverse est aussi vrai. La petite Lou est espiègle, drôle, intelligente, tendre, intuitive,.. Et elle tombe amoureuse d’Hugo.

Rose est embauchée comme nounou pour s’occuper de Lou, puis elle devient même la jeune fille au pair d’Antoine. Rose prend son rôle vraiment à cœur et elle s’attache énormément à la petite Lou. Elle a su gagner la confiance de Simone et se rendre indispensable auprès d’Antoine. Par la suite, elle enseigne la danse et elle travaille dans des centres de vacances. Rose a de l’ambition, elle est curieuse, optimiste, spontanée, fantaisiste et c’est une incorrigible romantique. Elle a été très malade lorsqu’elle était petite, elle a vaincu la leucémie, ce qui fait qu’elle croque la vie à pleine dent. Rose est très proche de ses parents Anne-Marie et Yann mais elle se confie surtout à sa marraine Marie-Cécile. Elle a une sœur et un frère, Fanny et Bastien, dont on ne sait pas grand chose. Rose sortait avec Julien avant qu’elle ne découvre sa tromperie et elle était en colocation avec Sue qui n’a pas voulu prendre partie dans leur histoire. Du côté de sa bande d’amis, nous avons Manon que l’on rencontre dans La vie en Rose et qui est nature peinture mais également égocentrique. Elle fricote avec l’ambivalent et cynique Vincent. Puis nous avons la discrète Charlotte qui se rapproche du maladroit Maxime.

« Je ne crois pas qu’un grand amour puisse se représenter souvent, dans une vie. J’en ai déjà vécu un, mais quelque chose me dit que toi et moi… Je ne sais pas, j’ai l’intuition qu’on pourrait être vraiment heureux tous les deux… »

J’ai aimé la complicité de Rose et Antoine qui se crée petit à petit. J’ai aimé la relation entre Rose et Lou, puis celle qui se crée entre Antoine et Lou. J’ai aimé l’évolution d’Antoine, après le cap des 3 ans. Je n’ai pas aimé Jeanne avec qui Antoine se met en couple trop rapidement et avec qui il aménage presque directement. Je n’ai pas trop aimé non plus le début de relation plus qu’amicale entre Rose et Antoine. Déjà ils ont un écart d’âge de 14 ans mais ce qui m’a gêné c’est surtout que pendant tout le récit j’imaginais plus Rose en tant que grande sœur de Lou et Antoine comme un grand frère pour elle.. J’ai vraiment eu du mal à les imaginer ensembles, malgré la belle déclaration d’Antoine à la fin de La Mélancolie du Kangourou. Néanmoins j’ai changé d’avis après avoir lu Le sourire des Fées. Leur amour et la confiance qu’ils s’accordent est beau à voir. Le couple que forme Rose et Antoine s’avère fort, uni et indestructible.. Enfin presque. Nous ajoutons la petite Lou et la grand-mère Hermance et nous obtenons le chalet du bonheur. Tous les quatre forment vraiment une très belle famille.

Laure Manel nous parle du deuil en finesse et le tout avec justesse. La douleur, le déni, la colère, l’indifférence, les gestes d’automates, la dépression, l’anesthésie affective, la culpabilité, l’envie d’aller mieux,.. Les pensées d’Antoine à propos de sa fille sont difficile à lire au départ, on a de la peine pour Lou mais il souffre et il fini par se rendre compte du temps qu’il a perdu et qu’il veut rattraper avec sa fille. De nombreux autres thèmes forts sont abordés comme La complexité de la vie des adultes, la famille, l’adolescence, la maladie, la mort ou encore l’euthanasie. Mon cœur a été meurtris à de nombreuses reprises durant ma lecture. J’ai perdu ma mamie il y a peu donc un certain passage m’a vraiment bouleversé. Lorsque j’ai rencontré Laure Manel a Brive, elle avait prédit que j’allais pleurer durant ma lecture du second tome et ce fut effectivement le cas. D’ailleurs, j’ai préféré ce dernier et j’ai beaucoup aimé en apprendre plus sur le passé d’Hermance. C’est vraiment très dur pour moi de quitter Antoine, Rose, Lou et Hermance parce que je me suis énormément attachée à ce quatuor impossible à oublier.

« MERCI. Pour la leçon de vie que tu m’as donnée, pour la joie au quotidien, pour tout ce que tu as fait pour ma fille… notre fille… ta fille, désormais. Je suis si heureux d’avoir pu t’épouser, si fier que tu portes mon nom. Merci d’avoir dit oui, là-haut (oserais-je parier que tu y as déversé mes cendres, aussi ?). Merci d’être restée jusqu’au bout, merci de m’avoir soutenu et supporté, merci d’avoir accepté que je parte un peu plus tôt… Je n’ose pas imaginer dans quel état de décrépitude j’aurai passé ce Noël avec vous… Je préfère mille fois m’imaginer trinquer là-haut avec Hermance et les autres. »

En bref, cette duologie est poignante et bouleversante mais elle est également empreinte d’espoir. Nous ne pouvons faire autrement qu’être attendrie par la petite Lou, qu’être touché par le papa kangourou Antoine, qu’admirer la souriante Rose, qu’être émue par la tendre Hermance,.. Si Laure Manel le souhaite, je pense qu’il y aurait de quoi faire pour un tome 3 avec Rose et Lou. J’ai plus qu’une envie maintenant et c’est de partir m’évader à la montagne.